mardi 25 août 2015

Interview de Sarah Wagon, auteur de "Digitale" par PKJ

image :  http://www.pocketjeunesse.fr/livres-jeunesse/actus/linterview-avec-sarah-wagon/


Interview disponible ici

Alors que son tout premier roman, Digitale, vient de paraître la semaine dernière, Sarah Wagon répond à nos questions sur son livre, son processus d'écriture, ses inspirations...

Pourriez-vous présenter Digitale?
Digitale reprend les bases classiques de la dystopie : on suit le parcours et l’évolution de l’héroïne, Jade, dans un monde futuriste totalitaire. Sauf que Jade n’a pas pleinement conscience de ce totalitarisme : elle est contrôlé par une puce digitale qui régule ses émotions, entrave ses souvenirs, et elle accepte donc parfaitement les règles définies par le monde dans lequel elle vit. Une rencontre avec Sacha, un jeune homme dont la puce digitale a bugé, va venir bouleverser toutes ses certitudes…

Vous avez envoyé votre manuscrit par la Poste. Comment avez-vous vécu ce processus? Par quelles étapes êtes-vous passée?
Je l’ai fait sur un coup de tête ! Une fois le manuscrit terminé, je n’ai pas réfléchi et je l’ai envoyé. Je savais qu’il était difficile de se faire éditer, encore plus de cette manière - : anonymement, par la poste - donc je l’ai vraiment pris avec recul, au point de départ.  C’est une fois le manuscrit posté que j’ai commencé à réfléchir vraiment, à rêver un peu, tout en restant sur la réserve. Mais je n’y croyais pas vraiment. J’ai été contactée par Pocket Jeunesse 3 mois après l’envoi. Je ne savais pas encore si ce premier échange allait aboutir à quelque chose de concret, mais peu importe ! Je n’en revenais pas d’avoir eu au moins un contact! Il a fallu que je remanie certaines choses du récit, que j’en approfondisse d’autres, que j’explique ma démarche et comment j’envisageais la suite de Digitale pour que tout  puisse se concrétiser pour de bon. Ce fut une période très stimulante !

Qu'est-ce qui vous inspire dans le genre dystopique? Dans la littérature YA?
Dans une dystopie,  tout part d’une évolution potentielle du monde réel. C’est principalement  cet aspect là qui a motivé mon inspiration. Le monde actuel est si intriguant, fascinant et effrayant à la fois ! Quand je vois les robots humanoïdes conçus en chine, qui ressemblent à s’y méprendre à de vrais humains, et dont certains ont pris une réelle place dans la société,  je trouve ça complètement fou ! Ou encore,  les montres hyper connectées qui « surveillent » nos moindres faits et gestes… Jusqu’où cela va-t-il aller ?! Ce que j’aime donc dans la dystopie , c’est qu’elle nous pousse à réfléchir sur notre monde actuel, cogiter, spéculer, sur ce qui pourrait arriver,  et à prendre conscience des limites et dérives de certaines choses du réel.
L’autre point intéressant de la dystopie est que, malgré le fait qu’elle soit une contre-utopie,  elle n’en demeure pas moins optimiste : elle nous montre souvent que même quand  le pire est arrivé, les choses peuvent toujours changer et se rééquilibrer grâce à certaines valeurs humanistes comme le courage, l’honneur, la tolérance, la liberté… En fait, la dystopie fait écho à la notion de nature et de cycles, qui nous régissent depuis la nuit des temps. Il y a un peu de cette idée qu’il faille d’abord toucher le fond pour pouvoir rebondir, et apprendre de ses erreurs passées.
Quant à la littérature YA, je la trouve finalement souvent très réaliste,  les choses y sont dépeintes de manière simple, efficace, et les personnages sont généralement adolescents, l’âge ou tout est possible ! Ce qui en fait un genre très rafraichissant et prenant.

Jade vit dans un monde sans émotion. Est-ce que cette situation représente pour vous la pire des dictatures?
C’est une question intéressante. Vaut-il mieux une dictature basée sur la terreur, l’oppression, la misère, et en être pleinement conscient, ou au contraire n’avoir aucune lucidité sur les choses ?... Je me suis réellement posée la question, et c’est d’ailleurs ce qui a été à l’origine de Digitale. Mais forcément, les émotions sont ce qui nous définit en tant qu’êtres vivants. Sans émotion, nous sommes comme morts. Alors oui, se serait sans doute la pire des dictatures…

Quelle invention futuriste présente dans votre livre aimeriez-vous posséder?
Je ne suis pas trop gadgets, ni nouvelles technologies en réalité ! Alors je dirais que l’algocarburant, que j’évoque brièvement, est quelque chose de concret, d’existant, que j’aimerais voir se mettre en place…

Jade redécouvre ses propres émotions au fil du roman. Comment réussissez-vous à dépeindre avec justesse et précision son évolution?
Retranscrire l’évolution des émotions de Jade est quelque chose qui s’est mis en place assez naturellement, en suivant une sorte de « logique sensorielle ». J’essaye d’être en empathie avec elle, forcément. De me mettre à sa place, d’imaginer ou me remémorer la découverte de  telle sensation… En fait, c’est un mix entre un travail de mémoire, d’introspection et d’imagination.

Pouvez-vous nous donner quelques indices quant à la suite des aventures de Jade? Digitale sera-t-elle une trilogie?
Il est prévu que Digitale soit une trilogie, oui. Je ne peux pas en dire beaucoup plus sur la suite, sinon que Jade va poursuivre sa progression, que ce soit d’un point de vue émotionnel ou social. Encore beaucoup de doutes pour elle, de questionnements sur ses choix, ses aspirations, et aussi quelques révélations sur Sacha, sur le monde qui l’entoure… elle n’est pas au bout de ses surprises ! Alors qu’elle pensait être arrivée au bout de quelque chose, elle va se rendre compte que ce n’est en fait que le commencement. Elle va devoir faire face à beaucoup de choses auxquelles elle n’était pas préparée…

Quelles sont vos inspirations? Vos modèles?
C’est un peu dépassé maintenant mais il y a quelques années de ça,  il y a eu toute une folie autour de la saga Twilight, succès phénoménal, d’autant plus que l’auteure, Stephenie Meyer était mère au foyer, et n’avait jamais écrit de sa vie.  Idem pour J.K. Rowling et Harry Potter. Même si je n’écrivais pas à l’époque, je pense que c’est à ce moment que j’ai réalisé qu’il était possible d’écrire, même en ne faisant pas partie du milieu littéraire. Sans pour autant penser à oser me lancer.
J’ai par la suite était marquée par la trilogie Hunger Games, j’ai été fascinée, absorbée, par l’univers mis en place par Suzanne Collins, et ça a été une sorte de « révélation » pour moi.  Je me suis mise à lire de la littérature YA et suis totalement tombée sous le charme de ce genre littéraire. C’est ce qui m’a poussé à avoir envie de m’y coller ! Dans un autre style, j’ai toujours été admirative de Bernard Werber, qui a su renforcer mon goût pour la lecture à l’adolescence, et dont les romans permettent de faire réfléchir sur la société, la science, et l’humanité en général. Ses livres sont une vraie mine d’or !

Avez-vous d'autres projets d'écriture, après Digitale? En YA?
Oui.  J’ai quelques idées, mais je suis du genre à partir dans tous les sens ! Il faut que je pose tout ça…  Dans tous les cas, il s’agira de YA.  Pour l’instant, je préfère me consacrer à Digitale et éviter de m’éparpiller…!

Quels conseils donneriez-vous à des écrivains en herbe?
Lâcher prise, écrire pour soi, sans barrières, et SURTOUT, comme si personne n’allait jamais vous lire ! Pour garder la motivation, il faut vraiment écrire ce qu’on a envie d’écrire, se positionner en tant que lecteur et essayer de voir ce qui nous plairait comme action, comme personnages, comme réactions, même si c’est du « vu et revu »,  même si cela ne répond pas tout de suite à une logique implacable… Il faut vraiment se faire plaisir ! Il sera bien temps, plus tard, de faire les modifications nécessaires, de trouver les liens, et d’affiner ses personnages.  Mais surtout, ne pas se prendre la tête au point de départ en voulant tout expliquer et rationnaliser tout de suite. Juste avoir une trame de base et se laisser aller…
Une fois que la matière est là, on lit, relit, corrige, et on n’hésite pas à tout reprendre depuis le début, tout réécrire (ce que j’ai fait 3 fois pour Digitale),  car le style et les idées évoluent à force d’écrire. Ne pas hésiter à se surprendre soi-même, à sortir de « ce qui était prévu » afin de ne pas se lasser et de garder une dynamique à l’acte d’écrire.

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